Femmes dans l’industrie : Caroline Félix développe un nouveau modèle d’innovation inter-entreprises

Écrit par: Cathy Goulard
3/8/2023

Temps de lecture: 3 min.

Le constat est connu : les femmes occupent 30% des postes salariés dans l’industrie et restent peu présentes aux fonctions de direction, notamment au sein des comités exécutifs dans lesquels elles ne représentent que 15% des effectifs. En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, nous mettons en avant une femme leader du secteur industriel bien décidée à faire bouger les lignes en défendant de nouveaux modèles d’innovation : Caroline Félix, directrice générale et co-fondatrice de La Ruche Industrielle.

L’industrie par goût du pragmatisme et de l’esprit d’équipe

Passée par des études littéraires, une maîtrise de communication et un DESS de Gestion des Entreprises, rien ne destinait Caroline Félix à une carrière dans l’industrie. C’est pourtant son amour du vélo qui poussera cette vice-championne de France 1995 de cyclotourisme à découvrir le monde industriel à travers deux stages chez un équipementier cycliste. Séduite par l’esprit d’équipe mais aussi par le pragmatisme inhérent aux activités de production, elle choisit d’intégrer le groupe Bosch Rexroth. Elle ne le quittera que six ans plus tard pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale en Suède, avant de le réintégrer forte d’une nouvelle vision du travail et de la place de l’humain dans l’entreprise.

Remettre de l’humain au cœur de l’industrie

La culture entrepreneuriale qu’elle retrouve en France diffère en effet sur bien des points de celle qu’elle a connue en Suède, valorisant l’entrepreneuriat individuel et très en avance sur les questions environnementales. Caroline Félix cherche alors à insuffler un peu de cet esprit d’ouverture aux cadres de travail qu’elle connait. « Je voulais permettre à chaque collaborateur de se déployer et d’exploiter de nouvelles compétences comme s’il était entrepreneur » explique-t-elle. Face au manque d’attractivité de l’industrie, il s’agit de remettre de l’humain au cœur des activités productives en permettant à chacun d’exprimer son potentiel.

Un modèle de mutualisation de ressources pour penser de façon systémique

Encouragée par la nouvelle direction du groupe Bosch Rexroth, elle développe alors des projets d’intrapreneuriat puis co-crée La Ruche Industrielle, une structure inter-entreprise conçue comme un véritable laboratoire de transformation où s’expérimentent de nouvelles méthodes de travail. Réunissant aujourd’hui douze industriels, trois écoles d’ingénieurs et soutenue par la métropole de Lyon, La Ruche Industrielle permet à ses adhérents d’expérimenter de nouveaux modes de collaboration, d’explorer des solutions technologiques, organisationnelles ou environnementales innovantes. Les salariés de ces entreprises adhérentes développent la posture et les compétences pour devenir agent du changement dans leur propre organisation. Un moyen de mettre en pratique le modèle d’entreprise étendue via une structure juridique peu connue dans le monde industriel : une association loi 1901, fiscalisée. Selon Caroline Félix, « ce véhicule juridique permet d’engager les entreprises dans une réelle dynamique de mutualisation de moyens, sans gagnant ni perdant. C’est un outil extrêmement puissant pour agir de façon systémique en tenant compte des trois dimensions du développement durable : économique, sociale et environnementale. »

Mettre en avant de nouveaux « role-models » pour rendre l’industrie plus attractive

Caroline Félix en est convaincue, ce modèle d’innovation collaborative est l’un des éléments qui peuvent rendre l’industrie plus attractive. Mais attirer plus de femmes dans les filières industrielles exige également de mettre en avant de nouveaux modèles, notamment auprès des enfants. Là encore, le modèle suédois lui semble inspirant à plusieurs titres. L’éducation suédoise s’attache à garder les horizons ouverts pour les enfants, filles comme garçons. Aller à la rencontre des écolières, des collégiennes et des lycéennes pour leur présenter des femmes aux parcours inspirants et incarnant la diversité des métiers de l’industrie pourrait ainsi être un levier décisif pour susciter des vocations. Il ne s’agit cependant pas seulement d’attirer mais aussi de faire une plus grande place aux femmes et notamment aux mères. Il est frappant de remarquer que la grossesse n’est pas un tabou dans les entreprises suédoises, même lors d’entretiens d’embauche. Loin d’être vue comme un handicap, la maternité est vue pour ce qu’elle est : une expérience d’apprentissage accéléré qui peut démultiplier l’engagement comme les compétences.

Dans un contexte de crises multiples et d’une demande de sens de plus en plus forte, l’industrie doit se réinventer. Le modèle de l’entreprise étendue et la culture entrepreneuriale suédoise sont à ce titre deux sources d’inspiration particulièrement instructives. Car en œuvrant à une transformation humaine, technologique et environnementale de l’industrie comme le fait Caroline Félix, il est possible de la rendre plus accueillante non seulement pour les femmes mais pour l’ensemble des salariés.

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Tags: Industrie 4.0 Mise à jour corporate

À propos de l’auteur

Cathy Goulard est une spécialiste de la communication d'entreprise animée par la volonté de partager des informations pertinentes pour expliquer, convaincre et fédérer autour de la formidable aventure humaine et technologique de PTC.