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Vers un retour de l'industrie en France ?

Dans ce nouvel épisode, découvrez comment Arnaud Pichard, Président de l'association, "Retour de l'industrie en France", aborde la reconstruction de l'industrie française. Rejoignez la discussion animée par Olivier Helterlin, PDG de PTC France, et explorez les projets concrets et les défis auxquels fait face le RIF pour restaurer la grandeur et l'indépendance de notre industrie.

Episode 9 avec Arnaud Pichard et Olivier Helterlin

Vers un retour de l'industrie en France ?


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Transcription du podcast

Introduction

Le progrès ne vaut que s'il est partagé par tous. Alors que notre industrie prend un nouvel élan. Comment peut-elle nous aider à faire face aux défis de notre époque ? Que peut-on en attendre ? Je suis Axelle Gurteen et je vous emmène à la rencontre de celles et ceux qui démocratisent l'industrie 4.0 avec de nouvelles approches et technologies sur notre façon de produire, de consommer et même d'imaginer l'avenir.

Présentation

Bienvenue dans Où va l'industrie ! Le podcast qui interroge le futur de l'industrie pour agir au présent. Bonjour à toutes et à tous. Je suis Olivier Helterlin, le président de PTC France. Nous nous étions parlé tout au début de cette série où j'avais fait l'introduction de cette série de podcast sur Où va l'industrie. Et j'ai la chance aujourd'hui d'être dans le rôle de l'intervieweur pour accueillir Arnaud Pichard. Arnaud, qui préside l'association Retour de l'industrie en France. Arnaud, merci d'être avec nous déjà.

Est-ce que vous pouvez vous présenter ici également ? Quelle est l'association et son objectif ?

Merci d'abord de m'avoir invité de l'avoir invité donc le Retour de l'Industrie en France chez nous, alors le but de l'association du Retour de l'Industrie en France, c'est d'apporter des éléments de réponse à notre situation de désindustrialisation. Au cours des 30 dernières années, donc le Rif, le retour de l'industrie en France a pour vocation de proposer des projets et des mesures à l'exécutif pour que, au-delà de ce qui a été proposé jusqu'à maintenant, des propositions de terrain par des professionnels.

Nous avons quinze segments, nous avons environ 300 personnes dans ces quinze segments que nous aimons à le dire des ceintures noires, des jeans reconnus dans leur domaine et que ces projets et ces propositions soient bien le fruit de gens de terrain qui savent exactement ce qui se passe dans leur domaine et qui sont capables très rapidement de dire écoutez, on manque de filles, on manque de ça, c'est ça qu'il faudrait faire etc.

Très bien. Belle mission.

Grosse mission. Ça nous demande quand même pas mal de travail puisqu'on s'est fixé en plus pour objectif. Sinon ça serait trop facile de gérer. En fait, l'interconnexion entre ces quinze segments, c'est à dire qu'on ne peut pas prévoir par exemple, de faire de l'énergie sans savoir ou seront aussi électro intensifs. Donc, évidemment, il faut prévoir la régionalisation. Quel site, à quel endroit ? Pourquoi faire ? Etc.

Excellents retours de l'industrie en France. Pourquoi retour ? L'industrie s'était perdue ?

Oh oui alors croyez-moi, ça fait plus de 25 ans que je suis sur les routes de France, mais aussi du monde Afrique, Asie, Etats-Unis, en Inde et bien sûr, nous avons vu tous en France les sites industriels disparaître. Nous avons vu un grand nombre de personnes déserter les campagnes. On sait très bien que nous étions de l'ordre à peu près de 60 70 de gens qui habitaient dans les campagnes.

Nous sommes aujourd'hui à 80 % citadins. Autant vous dire qu’aujourd’hui, lorsqu'un site industriel s'en va d'une ville, c'est tout l'écosystème local qui en pâtit. C'est les boulangers, ce sont les écoles, ce sont toutes les structures locales. Mais au-delà de ça, bien sûr, parce que ça, c'est un effet collatéral, c'est notre souveraineté, notre dépendance aux productions extérieures qui est mise à mal.

En effet, l'industriel ressemble à quoi en France aujourd'hui ?

Alors ? l'Industrie, elle, est très décousue, faite de patchwork. Il y a des choses sur lesquelles on est encore extrêmement puissant. On peut citer par exemple la partie défense. On a encore plein de choses à dire. La partie aérospatiale, même s'il se passe beaucoup de choses aux Etats-Unis et tant mieux. Et en Chine, et tant mieux. La France a pris quand même un peu de retard sur le sujet.

Sur la partie avions, on est encore très bien placé. Mais il y a des domaines sur lesquels on a pour ainsi dire quasiment totalement disparu. Prenez par exemple le textile et quand vous voyez notre situation, alors qu'historiquement c'était l'un des points forts de la France de l'agroalimentaire, quand vous voyez les chiffres aujourd'hui de la dépendance de la France sur l'agroalimentaire, c'est à pleurer.

Où est-ce que nous sommes en retard, en particulier sur l'aspect technologique, sur la stratégie qu'on a mal abordée, sur le manque de main d'œuvre aussi ?

Non, le manque de main d'œuvre, je le chiffre. Encore une fois, c'est même au-delà de penser. Les chiffres montrent qu'en fait le chômage versus ce que ce que nous cherchons en nombre d'emplois, il n'y a pas forcément de besoin de main d'œuvre extérieure, sauf si on se dit que cette main d'œuvre n'est pas digne des Français. Et là, il y a une vraie question à se poser.

C'est à dire que quand vous allez voir les personnes sur le terrain et qu'on vous dit dans la construction ou qu'on vous dit dans l'agroalimentaire pour ramasser les fruits, je ne trouve pas de gens locaux, historiques pour vouloir venir travailler avec nous. On a une vraie question à se poser après, à quoi ressemble l'industrie aujourd'hui ? C'est, je le disais, un patchwork quand même, parce que c'est assez diffus en termes de maîtrise de composantes.

On a, je pense, une volonté de fond, un réveil collectif qui s'est mis en place avec plein de chefs d'entreprise qui se sont fédérés. Vous pouvez trouver des associations différentes du Rif avec par exemple les Forces françaises de l'industrie, avec le collectif Reconstruire Pan et Faire avec plein d'associations comme ça qui relocalisation au Point fr, qui sont Renaissance industrielle.

Il y en a plein qui me viennent à l'esprit. Et à quoi ressemble l'industrie aujourd'hui ? Je pense qu'il y a une volonté de fond de vouloir refaire plein de choses. Et ça, c'est déjà très bien. Parce que, au-delà des choses incantatoires qu'on peut écouter de ci de là, il y a une vraie volonté à la fois des personnels techniques et commerciaux, à la fois des chefs d'entreprise à la fois, des fonds qui cherchent en ce moment de plus en plus des sujets, des projets pour pouvoir financer tout ça. Donc il y a véritablement une vague qui est en train de se mettre en place. Maintenant, il y a encore un certain nombre de freins qui existent toujours. On verra si on arrive à véritablement aller au-delà de ces freins. J'ai parlé des freins qui est bien connu. C'est cette relation que nous pouvons avoir face à certains types de travaux.

Il y en a plein d'autres par exemple, on le sait très bien. Certaines complexités administratives pour les chefs d'entreprise, notamment. Mais il y a d'autres complexités. Prenez par exemple l'absence de personnes dans les territoires, puisque je le disais juste avant, vous avez une grande partie de la population qui est partie dans les villes. Donc aujourd'hui, vous voulez faire un site industriel n'importe où dans les campagnes ?

Nous savons très bien que c'est une vraie problématique que de trouver du monde. Le Canada, en ce moment cherche je crois, 200 et quelques 1000 personnes pour remplacer, pour donner du travail dans ces usines au Canada. La France est avec exactement le même problème.

Très bien entendu.

Quel est l'enjeu de ce retour de l'industrie en France ? Est-ce que c'est un problème de souveraineté de répondre et d'assurer les productions d'importance vitale ? Est-ce que c'est un problème d'arriver à une nouvelle phase de la mondialisation ou on essaye de réinternaliser un certain nombre de productions ?

Alors là, il y a plusieurs questions. Je vais les prendre une par une première chose que sont les pays, les pays, les productions d'importance vitale. Vocabulaire de notre association du riz, le riz fait effectivement traite uniquement cette question. C'est à dire quel est le degré de maîtrise de la France de ces productions d'importance vitale ? D'où viennent ces productions d'importance vitale ?

Elles viennent de la fameuse pyramide de Maslow sur lesquels vous retrouvez sur les premiers étages la sécurité, se nourrir, la santé, avoir un toit, etc donc nous avons défini quinze segments pour adresser ces productions d'importance vitale puisque de manière moderne, nous avons rajouté le numérique, la cybersécurité, ce genre de chose là. Vous m'aviez dit.

La souveraineté industrielle ?

Alors la souveraineté, la souveraineté qui malheureusement est souvent confondue avec des partis politiques, n'a rien à voir avec ça. C'est à dire que d'une part, elle n'a rien à voir avec les préférences politiques, d'autre part, elle n'a rien à voir avec la capitalisation des entreprises. C'est à dire que vous pouvez très bien avoir une très belle entreprise japonaise, une très belle entreprise américaine, une très belle entreprise chinoise qui voudrait investir en France et le riz dit bienvenue.

Soyons très clairs il y a des entreprises, je n'aimerais pas ici, mais il y a des entreprises françaises qui ont décidé. C'est leur stratégie, de ne plus adresser la France. C'est un choix, nous devons respecter. Mais lorsque des entreprises étrangères décident de venir s'occuper, si je puis dire, de ce qui peut se passer en France, évidemment, ça nous intéresse.

Regardez Toyota. Cet exemple bien connu évidemment, est bien là, labouré si je puis dire en termes de parce que tout le monde en situation à chaque fois, etc. Bien évidemment. Mais sauf que c'est un très bon exemple. Parce que si dans l'automobile, là nous avons un Japonais qui est capable d'investir en France, de faire de la production en France, d'avoir tout un écosystème de sous-traitants tout autour, il faut y aller pour se rendre compte un peu de ce qu'il y a tout autour, et bien c'est ce qui permet de maintenir.

Et je réponds à votre question de maintenir une partie de la souveraineté. Voilà. Alors, qu'est-ce que c'est ? La souveraineté, c'est regarder ce qui nous est effectivement d'importance vitale. Et de se dire comment fait-on pour diversifier les ressources ? Il y a des choses sur lesquelles il serait vain de vouloir faire ça, forcément en France. Regardez par exemple le sujet de l'uranium nous n'avons pas d'uranium en France.

Donc il est vain de se dire nous allons être souverains en autonome. Sur cette question, nous savons très bien. Donc, qu'est-ce qu'on fait ? On regarde quels sont les pays et on n'est pas dépendant d'un seul pays en termes de sourcing très bien. Donc ça, c'est déjà une forme pour arriver à diminuer. C'est l'objectif du risque diminuer le risque qui plane sur nos productions d'importance vitale.

La deuxième chose dès que l'on est capable de diriger ces matières premières etc vers la France, c'est de se dire comment fait-on pour avoir une R et D Française ? Comment fait-on pour avoir une production française ? Comment fait-on pour avoir des services français ? Comment fait-on pour avoir un traitement des déchets français ? Et lorsque nous arrivons sur l'intégralité de cette boucle, alors le RIF propose une qualification sur cinq niveaux qui vont de zéro.

Pour dire rien n'est fait en France, jusqu'à quatre. Pour dire là si tout est fait en France. Et donc, comme le font nos collègues par exemple, d'origine France garantie, nous avons regardé. Je le répète, le sourcing des matériaux, les brevets, la R et D ou sont placés les brevets, la production, les services et le traitement avec l'intégralité de cette chaîne, nous savons très bien que la complexité existe là-dedans puisqu'évidemment, lorsque je parlais d'automobile, la myriade de fournisseurs pour construire une seule voiture, nous savons très bien qu'il faudrait regarder ce que ça veut dire produits en France, sous traités, etc etc mais peu importe.

Ce qui est important, c'est dès le départ de proposer déjà quelque chose pour que sur chaque produit, sur chaque produit acheté, que ça aille de cette table jusqu'à ce gobelet, jusqu'à ce micro, les Français puissent avoir en conscience ce qu'ils achètent. Il ne s'agit pas de les obliger. Il s'agit déjà, dans un premier temps, de les informer.

Merci.

Quelle est sur cette base la feuille de route du Rif ?

Alors trois points cardinaux. Le premier des premiers, c'est de continuer à distiller ces projets et ces 30 mesures que nous proposons à l'exécutif. Première chose ? Deuxième chose nous organisons des conférences dans les grandes écoles parce que nous considérons qu'il faut expliquer aux futures générations l'importance de ce que c'est que l'industrie. Pourquoi se sourcer un maximum en France ? Ce genre de choses-là ?

Et nous invitons lors de ces conférences, la dernière fois, je crois qu'il y avait quelque chose comme 25 participants pour expliquer les dimensions sociales, pour expliquer les dimensions économiques, etc etc. Donc nous avons dans notre écosystème un très grand nombre de sachants, j'allais dire des gens sur l'énergie, des gens sur l'économie qui viennent intervenir parce qu'eux aussi pensent que le RIF et ses conférences auprès des jeunes générations sont très importantes.

Vous lui retrouvez sur le net. Et le troisième point, c'est que nous allons sortir notre deuxième ouvrage, notre deuxième livre, très bientôt. Il est en cours de finalisation. Aujourd'hui, le premier s'appelait La France sous-traiter du Rif. Le premier traitait d'une manière générale Qu'est-ce que c'est l'industrie ? Il faut se souvenir que lorsque nous l'avons sorti, nous sommes en pleine élection présidentielle.

Donc, l'objectif de ce premier ouvrage était de vulgariser pourquoi chaque pays a besoin d'industries qui a l'industrie et les propositions du Rif. Le deuxième ouvrage va rentrer beaucoup plus dans le concret sur deux segments les transports et la construction, et sur une troisième dimension qui est justement l'intrication et donc l'économie. Entre tous ces différents segments.

Et sur cette base, est ce que c'est réaliste de vouloir le retour de l'industrie en France ? Si on se compare par rapport aux autres pays, par rapport à ce que font les Etats-Unis, par rapport aux moyens que l'on met ? Est ce qu'on est attractif et est ce qu'on met les bons moyens pour que ça se réalise dans ce calendrier-là ?

En fait, cette question, comme Toyota qui date d'il y a très longtemps, en fait, je vais y donner deux éléments comparatifs pour se remettre en tête. Ce que ça veut dire. Je vais parler de la Corée du Sud et je vais parler de la Californie. Et là, on va se rendre compte qu'en terme de population, en fait, ces deux-là sont plus petits que la France.

Or, on sait très bien que c'est la Californie, aux Etats-Unis, qui tire la croissance américaine. Et la Corée du Sud, on connaît son essor en quelques années. Alors, est ce que la France est trop petite pour faire quelque chose ? Mais non, et non. Et non. Après, est ce qu'on a pour volonté de devenir le premier producteur ? Non, tout simplement.

Déjà, faisons à notre charge que nous pouvons faire. Mais est ce que nous sommes trop petits ? La réponse est non.

Est ce qu'on se donne les moyens d'atteindre ses objectifs ?

Alors, est ce qu'on en a envie d'abord ? Est ce qu'on comprend tout ce que ça veut dire ? Il faut parfois avoir certaines questions que nous avons des étudiants pour comprendre le décrochage qu'il peut y avoir entre des étudiants qui ne voient plus d'usines, qui n'ont plus de personnes dans leur famille, qui travaillent dans des usines quel que soit le travail, pas forcément à la chaîne, ça peut être bien est aussi quelqu'un au service.

Ça peut très bien être un ingénieur automatisation. Ça peut très bien être un directeur financier, un homme de la qualité, mais de moins en moins dans les tissus familiaux, des gens peuvent dire merci. Moi je travaille sur ce site, ça se passe très bien. La qualité de vie est bonne, mon espérance de vie est bonne. D'ailleurs, je vends plus, j'habite à la campagne, les enfants sont très contents et tout se passe très bien.

Sauf qu'en fait, on a plus de témoins neutres que ce que l'on nous racontera par l'intermédiaire de tous les efforts qu'on peut. Mais il y a une certaine méfiance qui s'est installée là-dessus parce qu'après nous avoir raconté tellement de romans aujourd'hui, on se dit Mais est ce que tout ça, c'est bien vrai ? Et d'ailleurs, le RIFF propose là-dedans que les usines qui peuvent on reste réalistes, ouvrent leurs portes aux écoles spécialisées, mais aussi aux petites écoles pour que les gens se disent Bah finalement ça se passe bien.

Ça fait le lien directement avec la question suivante l'image de l'industrie en France, est ce que ce n'est pas ça aussi qui ralenti cet élan avec le côté social qu'on vient d'évoquer ?

C’est-à-dire, c'est un lieu de pénibilité, ce n'est pas grave d'y travailler. Et puis le côté évidemment environnemental de l'industrie, ça pollue, c'est moche. Il ne faut pas le faire quoi.

Exactement. On sait très bien, de manière complètement factuelle, que l'image n'est pas très bonne, c'est à dire que nous avons des gens qui s'imaginent que travailler dans l'industrie, c'est encore être à l'époque de Germinal. Donc, il faut quand même encore une fois, se rendre compte que, par exemple, j'étais chez BMW à Munich il n'y a pas longtemps. La plupart des choses sont totalement automatisées.

Les gens qui sont sur ces sites-là viennent à vélo, sont très bien dans leur vie, etc Il faut bien comprendre que au contraire, travailler dans l'industrie c'est avoir des meilleurs salaires, c'est avoir une reconnaissance sur les autres sites industriels et donc avoir une portabilité de sa compétence. Évidemment, je défends la France aujourd'hui, mais que ce soit dans la France ou à l'étranger, donc ces métiers-là, alors il faudrait aussi par ailleurs avoir plus de filières qui proposent des ouvriers, qui proposent des techniciens, qui proposent des ingénieurs, qui proposent tous les personnels attenants.

Parce que, vous l'avez dit tout à l'heure, les dirigeants d'entreprises, que ce soit d'un site industriel ou à plus grande échelle, cherchent du monde en réalité en France pour travailler.

Et l'aspect écologique. Donc quel est votre message ? Quel message vous passer pour dire qu'on peut aller vers une industrie qui est plus décarbonée, qui permet d'acheter et produire localement, qui permet au niveau de la R et D peut être, de concevoir déjà des produits et des procédés de fabrication moins impactant.

Bien sûr. Alors le risque vient avec trois propositions, trois choses sur la table majeure. La première chose, c'est qu'il faut bien comprendre que toute production qui sera faite de l'autre côté de la Terre ou même bien moins loin, nous n'en avons pas le contrôle. Nous ne savons pas quelles sont les effluents, nous ne savons pas quelles sont les pollutions faites dans la terre, dans les rivières, etc Nous n'en savons rien globalement.

Alors s'il y a des gens qui vont dire ce n'est pas vrai, il y a des instances de qualité qui viennent contrôler qu'il n'y a pas d'enfant qui est ceci, etc on le sait, mais globalement on sait très bien que les mêmes normes ne sont pas appliquées. Déjà premier point et deuxième chose que même les normes locales, ils arrivent bien souvent.

Rappelez-vous en Inde par exemple, ce bâtiment qui s'écroule dans le domaine du textile avec des centaines si ce n'est pas des milliers de morts. Je me rappelle plus attenant à cet événement. Donc première chose rapatrier les sites en France, c'est contrôler les pollutions du site. Première chose. Deuxième chose le RIF dit diminuons la quantité de matériaux nécessaires pour un même produit.

Regardons avec de la RD de savoir si on ne peut pas faire des matériaux meilleurs pour l'environnement. Et ça, c'est à nous de le faire. Ayons des gens à la R et D pour ça. Et le Rif dit attention à tout ce qui est packaging. Regardez quand vous allez faire vos courses, vous achetez un téléphone, on vous le met dans une boîte.

Vous n'avez jamais regardé la boite dans le magasin de téléphone ? On vous le met dans une magnifique boîte qui va durer deux secondes. Qui va à la poubelle. C'est un exemple parmi tant d'autres. Quand vous allez faire vos courses, quand vous achetez n'importe quoi, vous, on sait très bien que le packaging fait partie d'une pollution énorme. Mais au-delà de ça, les consommations électriques, le Rif dit par exemple à quoi bon nous faire un téléphone ?

Ce n'est pas ce que j'ai pu contrôler au téléphone. Je n'ai rien contre les téléphones, je dis simplement à quoi bon nous faire. La nouvelle génération encore plus performante, alors que peut être ce qui nous intéresserait, c'est d'avoir le même téléphone, la même télé, la même chaîne Hi-Fi, etc, mais qui consomme moins d'électricité. Et ça, ça serait aussi une avancée très importante.

Donc ça, c'est le deuxième volet et le troisième volet, c'est de dire nous voulons demander aux industriels progressivement pas demandé pour lundi prochain de remettre tous les plans de construction de leurs produits. On sait très bien qu'il y a des brevets, des secrets de fabrication, mais nous voulons demander progressivement aux industriels de dire comment démonter et quels matériaux nous pourrons trouver dans votre machine à laver, dans n'importe quel composant pour que nous puissions créer.

Certaines existent déjà, mais H.L. Les filières de traitement pour reprendre ces métaux, pour reprendre ces plastiques, pour reprendre ces composés chimiques et être capables sans avoir à se demander. Alors ça, c'est le modèle. Comment est-ce ? Non, on sait que c'était le modèle, on a déjà les plans et on est capable de reprendre progressivement cinq, dix ou 20 % et d'année en année, de faire de mieux en mieux.

Voilà les trois propositions du Rif sur la partie environnement.

Oui, c'est un sujet qui est très cher à nos yeux. PTC Et on a basculé sur l'aspect technologique puisque en effet, je partage votre point de vue qu'aujourd'hui, fournir aux ingénieurs, et en particulier aux jeunes qui sont à l'école, des nouveaux process, méthodes et outils informatiques pour concevoir des produits plus durables. Avoir le choix quand ils conçoivent un produit et ont l'alternative entre plusieurs configurations, de pouvoir mesurer l'impact environnemental des composants et leur recyclabilité.

C'est vraiment un élément clé. Un autre élément qui va avec, c'est l'industrie 4.0 dont on parle depuis maintenant plusieurs années.

Est-ce que notre industrie, aujourd'hui, elle est équipée ? Elle est prête à déployer l'industrie 4.0 ?

La plupart des industriels sont soit en industrie 2.0 de l'autre côté du globe et en industrie 3.0 l'industrie 4.0, qui veut dire qu'on est capable dès la conception d'avoir justement les plans de votre site pour être capable, en mode agile, de retraiter votre site pour ajuster la production, le type de production avec les outils qui sont à l'intérieur, tel ou tel moteur et avoir tous les digital tout.

Peu d'industriels, malheureusement, sont encore équipés de ça dès le départ, jusqu'à la fin si je puis dire, puisqu'en fait il n'y a pas de fin. C'est un cycle continu. Donc bien sûr que nous appelons à ce genre de choses puisque c'est un cercle vertueux d'un point de vue, on vient de le dire d'un point de vue environnemental, mais d'un point de vue aussi agilité, c'est à dire que vous allez fabriquer si on va jusqu'au bout du chemin de cette logique, exactement ce qui est nécessaire et pas plus et pas moins.

Donc, comme dans le mode de construction hors site, c'est à dire la construction de bâtiments préparés en usine ou en fait, vous n'allez pas prévoir plus de plâtre que nécessaire parce que vous allez juste avoir ce dont vous avez besoin. Eh bien exactement ! De la même manière, nous attendons des industriels qui optimisent encore plus, c'est à dire passer du 3.0 au 4.0 qui optimise encore plus leur agilité, leur rapidité, leur proximité avec leurs clients, bien sûr.

Qu'est-ce que vous attendez dans ce contexte là d'une entreprise comme PTC ?

Ecoutez, je pense que le grand sujet pour PTC d'action sur ça, c'est d'être capable de faire la traçabilité, d'être capable d'avoir les data. Pardon pour nos amis américains. Mais le plus proche quand même des contrats clients. J'ai bien dit nos amis américains comme je dirais pardon, mais nos amis chinois ou quoi que ce soit, le risque n'est pas là pour faire de la politique.

Donc il n'y a pas en ces mots de choix et je vais même aller plus loin que ça. Je pense que se mettre dans une logique d'opposition serait contre-productif. Je m'explique il y a dans les offres, chez PTC mais aussi chez d'autres, des choses qui sont uniques. Et à partir de là, bien évidemment qu'il y a des intérêts à choisir ce type d'offre.

Maintenant, je pense qu'il faut aussi écouter les problématiques locales avec à la fois des contraintes européennes et des contraintes françaises. Pour, je viens de le dire avoir les data, stocker en local et vraiment trouver des solutions pour un maximum. Être capable de garantir que ces data sont historiques sont tous les calculs etc sont faits en local. Et qu'est-ce que nous attendons encore en plus ?

C'est de bien dire aussi à vos clients que l'optimisation, encore une fois des productions, ça a une dimension écologique et donc du coup ça a une influence sur le coût, contrairement à ce qu'on pourrait croire. C'est à dire que bien évidemment, lorsque l'on pense écologie, on se dit alors là, ça va être des coûts supplémentaires parce que c'est des contraintes supplémentaires.

Il y a une autre manière de prendre les choses, c'est de se dire si je consomme moins, ça va coûter moins, aussi simple. Donc à partir de là, si on est capable de designer un produit, d'être capable de mesurer sa résistance, d'être capable d'avoir le stock juste nécessaire, si on est capable d'avoir, pourquoi pas, des gens qui sont capables à distance de vous aider.

Si on est capable d'avoir des gens qui sont capables de savoir pour vous en maintenance préventive, c'est à dire dont il y a tel telles choses qui sont en train de se passer. On s'appelle, on est connectés. Bien sûr qu'il y a plein de choses à faire.

Nous avons beaucoup d'industriels dans notre audience. Quel message aimeriez-vous leur délivrer en conclusion ?

Je pense que la grande question aujourd'hui que doivent se poser les industriels, c'est comment se fait-il que dans un écosystème japonais, dans un écosystème allemand, dans un écosystème américain et j'en passe, les gens assez naturellement arrivent à acheter entre nationalités, c'est à dire dans leur nationalité. Ça ne veut pas dire exclusivement dans leur nationalité. Le Rif n'a jamais dit il faut fermer les frontières, il faut arrêter les accords avec les autres pays.

Il faut tout faire par nous-même. Pas du tout. Ce que dit le Rif, c'est réduisons nos dépendances. D'une manière générale, nous aurons toujours des dépendances et tant mieux parce que ça nous permet de garantir les bons termes avec les autres pays. Parce que lorsque la Chine a besoin de la France sur le nucléaire, eh bien d'une certaine manière, ça permet d'entretenir les bons rapports entre les pays.

Lorsque la France pendant des années a été très contente de profiter des solutions Microsoft, etc etc et très bien. Après si la France décide de se jeter, c'est notre message fort évidemment sur certains développements, mais bien sûr bien sûr. Donc que la France se saisisse clairement de ces sujets que sont l'agroalimentaire, que sont l'énergie, le numérique, les quinze segments du Rif décide d'acheter entre soi.

J'entendais il n'y a pas longtemps quelqu'un dire si nous voulons équilibrer notre balance du commerce extérieur. Il faut arriver à mieux vendre à l'étranger. La réponse du Rif là-dessus, c'est non. La première des choses pour bien comprendre ce qui se passe, c'est déjà achetons entre nous et instantanément nous achèterons moins à l'extérieur, donc notre balance va se rectifier toute seule.

A partir de là, si nous avons des effectifs qui sont plus forts en France, plus compétents, plus forts, alors nous serons largement plus forts pour proposer des solutions compétitives au niveau international. Voilà.

Remerciements

Merci beaucoup Arnaud. Pour finir sur une note positive, depuis quelques années, on voit que la balance des sites créés ou perdus en France s'est inversée pour recréer des sites industriels en France. J'espère que nous pourrons œuvrer ensemble pour continuer à avancer dans cet effort. Mais bien sûr avec plaisir.

Les invités de l'épisode

Olivier HELTERLIN - PDG de PTC France, Benelux et Suisse francophone

Diplômé de Toulouse Business School et titulaire d’un master en Management des systèmes d’information, Olivier Helterlin est PDG de PTC France. Il a commencé sa carrière chez Ernst & Young avant de rejoindre Capgemini où il occupe différents postes. En 2011, il rejoint PTC au poste de Senior Director Services pour le marché A&D. Il est promu en juin 2015 Vice-Président Services pour la France, puis en 2016 ses responsabilités s’étendent à l’Europe de l’Ouest, l’Inde et aux pays émergents. Depuis janvier 2019, il gére la stratégie des ventes pour la France, le Benelux et la Suisse.

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Arnaud PICHARD - Président du RIF (Retour de l’Industrie en France)

Ingénieur, ayant complété sa formation en Stratégie à l’INSEAD, diplômé de l’École Polytechnique Executive Master, professeur en école d’ingénieur en management de projet. A 46 ans, il a exercé dans de nombreux pays à travers 5 entreprises très diverses telles que Codra, entreprise de 100 personnes, experte dans le numérique industriel depuis 30 ans. Air Liquide ou encore Schneider Électrique avec la responsabilité de vice-président de la stratégie « Digital Plant ».

Spécialiste des grands projets industriels internationaux. Président et fondateur du RIF : retour de l’Industrie en France.

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