Les femmes dans l’industrie numérique : un atout pour la compétitivité

La représentation des femmes dans l’industrie, et par extension dans l’industrie numérique, reste insuffisante au regard des enjeux de mixité sociale mais aussi des enjeux de performance des industriels. C’est d’ailleurs un des leitmotivs de l’association « Elles Bougent », dont la directrice générale, Amel Kefif, plaide en faveur d’actions concrètes capables d’attirer les collégiennes, lycéennes et étudiantes vers les carrières scientifiques, techniques, technologiques et d’ingénierie.

La place des femmes dans l’industrie numérique

Un chiffre éloquent : en 2022, les femmes représentent moins de 30% des salariés de l’industrie (Insee). Et on ne peut même pas parler d’un progrès au fil des années puisque cette proportion est constante depuis 2013. Mais quels sont aujourd’hui les points de blocage ? Pour Amel Kefif, tout se joue au niveau de l’orientation. « Les filles n’intègrent pas les filières scientifiques. Seulement 28% d’entre elles suivent une formation d’ingénieur… » Même dans l’industrie numérique, où l’on pourrait supposer que les métiers sont moins « pénibles », les statistiques sont particulièrement basses. « La place des femmes dans l’industrie est en déclin, et cela est même pire avec le développement des nouvelles technologies. » En cause, des professions perçues comme nécessitant une expertise très élevée et donc une auto-censure de la part des filles ! « Elles doivent pourtant comprendre que les métiers d’ingénieur ou de technicien ont de l’avenir, et encore plus avec le numérique et des technologies comme la réalité augmentée ou l’intelligence artificielle. » Un travail de déconstruction des stéréotypes est à mener : dans le cas de l’industrie numérique, il s’agit aujourd’hui de considérer que nous ne sommes plus sur des métiers de geek solitaire ou de génie des maths.

L’apport des femmes dans l’industrie 4.0

Sujet politique, la représentation des femmes dans le monde du travail doit surtout être abordée comme un sujet « business ». Celles-ci ont un rôle essentiel à jouer pour augmenter la valeur au sein des organisations. Il est possible de citer l’exemple de ce grand groupe de transport français ayant lancé une application de reconnaissance faciale basée sur l’IA. Une fois en production, l’application ne reconnaissait que les hommes blancs d’un mètre 70, mais pas les femmes ou les personnes de couleur, et elle a donc été abandonnée. Pourquoi le projet n’a pas abouti ? L’équipe projet était exclusivement composé d’hommes. Un constat qui prouve a contrario que plus une équipe est mixte (femmes, origines, âges…), plus elle sera performante et en mesure de concrétiser les projets.

Et comment faire bouger les lignes ?

Du côté de l’association « Elles Bougent », de nombreuses actions & opérations sont menées pour sensibiliser au plus tôt les filles à l’intérêt des carrières scientifiques et techniques, comme des présentations dans les collèges, des portes ouvertes dans les industries ou des opérations de communication lors d’évènements tels que la Smart City Week ou la Semaine de l’Industrie. Egalement, le challenge Innovatech participe à déconstruire les idées reçues selon lesquelles les femmes seraient moins créatives ou performantes que leurs homologues masculins. Lors de cet évènement, des équipes de salariées et de filles (lycéennes ou étudiantes) doivent résoudre des problématiques industrielles complexes en donnant naissance à un projet autour de la ville durable, des objets intelligents, de la réalité augmentée, de la cybersécurité… « Ce Challenge démontre que les femmes arrivent à sortir rapidement des projets exceptionnels, tout en favorisant la transmission entre générations. »

Enfin, un des axes majeurs en faveur d’une meilleure représentation des femmes dans l’industrie reste la composante politique. « Des actions de sensibilisation des pouvoirs publics, notamment en imposant des quotas, restent nécessaires. Il faut aussi agir concrètement pour faire évoluer l’image de la femme dans la société, qui reste trop éloignée de la femme experte ou intellectuelle. » Et de conclure : « chaque décision politique peut porter un coup dur à l’orientation des filles vers les filières scientifiques et techniques, comme par exemple la réforme du baccalauréat en 2021 qui a enlevé les mathématiques du tronc commun, ce qui a abouti à diminuer le nombre de filles présentant la spécialité math au bac. »

Le sujet vous intéresse ? L'épisode 12 de la série Podcast « Où va l’industrie ? » porte un regard sur la place des femmes dans l’industrie numérique.

Écoutez « Où va l’industrie ? », une série de podcasts qui offre toutes les deux semaines à ses auditeurs une expérience immersive, pour découvrir comment rebooster l’industrie à travers le prisme des nouvelles technologies.